Le château de Pineuilh

Publié dans le cahier n°94 (2009) des Amis de Sainte Foy et de sa région

LE CHATEAU DE PINEUILH

Pierre LAMOTHE

Depuis que je suis enfant, j’aime aller régulièrement à « la croix de Pineuilh » parcourir le coteau et admirer le panorama.
En cette année 2009, début mai, j’ai profité du premier dimanche ensoleillé pour effectuer mon petit pèlerinage.
Oh ! Surprise, le sommet avait été en grande partie débroussaillé. Je distinguais, au sol, la forme approximative du château…. Quelques croquis et photos vite faites. Trois semaines plus tard la végétation recouvrait une bonne partie du site.
 
                                                                                   EXTRAIT CARTE DE CASSINI
Les fouilles de l’INRAP à Pineuilh, au lieu dit « La Motte », dans la plaine, ont mis en évidence un habitat aristocratique, voire militaire de 970 à 1076. Puis son transfert probable quelques dizaines de mètres plus loin.
  
                          CARTE EXTRAITE DE GEOPORTAIL SUR INTERNET              PLAN CADASTRAL DEPINEUILH
Le « castrum » de Pineuilh est mentionné pour la première fois en 1168 dans le grand cartulaire de La Sauve Majeure.
Il est mentionné «  en ruine » en 1690 par A. Cayre. M et A Patry se demandent si le château n’a pas été détruit vers 1345 par les Anglais puisqu’il ne semble plus habité à partir de cette période d’après leurs recherches.
EMPLACEMENT
Sur la commune de Pineuilh –feuille cadastrale 01, section BW– à la limite avec la commune de Saint-Philippe-du-Seignal. Cet ensemble est propriété de la commune.
Un éperon rocheux (altitude 90-95 m), orienté à l’ouest, qui surplombe toute la plaine (altitude 30m au niveau de l’église de Pineuilh).
À quelques dizaines de mètres, le ruisseau des Anguillères.
DESCRIPTION
Il est bien sûr extrêmement difficile d’imaginer ce à quoi ressemblait le château. Comme l’avait déjà vu Léo Drouyn il ne reste que des traces de fondations informes. Toutes les pierres de l’appareil des murs ont disparu. L’assemblage se composait habituellement de 2 murs parallèles en pierres façonnées, le vide central rempli de tout venant. Il semblerait qu’il ne reste que le remplissage, les pierres ayant été récupérées pour une autre utilisation.
On peut toutefois esquisser son aspect.
Une plate forme A en arc de cercle où débouche le chemin empierré qui vient de la plaine en longeant l’église actuelle, sans doute construite à l’emplacement de l’église primitive.
Une enceinte B, haute de 4/5 mètres qui suit le premier escarpement.
Une enceinte C, haute de 4/5 mètres qui définit le second escarpement qui, lui, accueille le château proprement dit.
Un fossé D artificiel, large de 10 m environ, isole l’ensemble du plateau.
L’accès (à l’est) pouvait se trouver sur le plateau avec un pont amovible sur le fossé.
 André Cayre évoque les souterrains qu’il avait trouvés et parcourus et Léo Drouyn soulève l’hypothèse que la cavité E a pu servir de poterne.
Adolescent, j’ai rampé dans ces grottes.
Le boyau F est un boyau de 70 cm de diamètre environ qui s’interrompt au bout de 3/4 mètres.
Le boyau E, de même diamètre, part en zig zag vers le sud et s’arrête après une dizaine de mètres.
 Quant au fameux souterrain ( que tous les enfants ont cherché) reliant le château aux « Caches » il reste à trouver.
 
Sur la droite de la Grotte E, deux encoches parfaitement régulières à 1,80 mètre du sol ont pu supporter une charpente.
Le château est bien là. Seule une fouille complète du site pourrait apporter des éclaircissements.
Léo Drouyn parle de pierres et de tuiles calcinées.
Reste de mur au Nord, niveau B                                            la plateforme A et le promontoire du niveau B
Dans les années 1950/1960, André Cayre avait fait un sondage au sommet (le trou est toujours visible) et trouvé quelques tessons et carreaux, disparus depuis. Et Jean Vircoulon y aurait trouvé vers 1960 une plaque-boucle mérovingienne.
BIBLIOGRAPHIE
 
Prodéo Frédéric. RFO de fouille archéologique : Pineuilh « la Mothe ». INRAP Grand Sud Ouest. 2007.
 
Gardelle J. Les châteaux du Moyen Age dans le sud ouest. 1972, p 194
 
Drouin Léo. La Guyenne militaire. Lafitte Reprints. Paris. 2000, p 376.
 
Nicolaï Alexandre. Sainte-Foy-La-Grande (ses origines). Revue Historique et Archéologique de Libourne. 1 er trimestre 1949, p 48 à 54, p 82 à 84.
 
Cayre André. Etude sur le château féodal de Pineuilh. Revue Historique et Archéologique de Libourne. 1954, p 5 et 6.
 
Sion Hubert. Carte archéologique de la Gaule. Conseil Général de la Gironde. Paris, 1994.
 
Patry M. et A. La baronnie de Pineuilh. Cahier n°3-4. 1981. Les Amis de Sainte-Foy et sa région.