La position géographique du pays foyen (au croisement de la Gironde, du Lot et Garonne et de la Dordogne),la mobilité de la population provoquent un renouvellement permanent et accéléré de ses habitants depuis 20 ans à la recherche d’une situation plus stable. Les autochtones sont minoritaires au profit d’une population issue de la France entière, de l’Europe et de l’Afrique. Il est fini le temps où on parlait majoritairement « patois » le samedi au marché.
J’ai donc voulu présenter les auteurs occitans du pays foyen que j’ai pu retrouver et quelques textes célébrant notre pays foyen en parler d’Oc. La recherche fut difficile et rarement fructueuse. Il y a aussi dans les dépôts d’archives quelques textes administratifs en occitan.
J’ai préféré vous présenter les réalisations des poètes et écrivains. Merci à ceux qui m’ont donné quelques pistes ou ouvert leurs bibliothèques.
Jean Claude Dugros, membre du Bournat, a bien voulu conseiller, reprendre, corriger cette publication, transcrire certains textes en écriture normée, qu’il en soit vivement remercié.
Prenez autant de plaisir que moi à savourer ces quelques textes.
Et n’oubliez pas, le premier texte connu en occitan serait la chanson de Sainte Foi (VIII éme – IX émesiècle).
Pierre Lamothe.
« Occitan » ou « patois », nos anciens utilisaient le mot « patois » pour désigner leur langue vernaculaire, nous en gardons le vocable.
Tous les textes n’ont pas été traduits, notre belle langue mérite bien un effort.
Bibliographie
-Les Amis de Sainte Foy et sa région, bulletin n° 81, 2003, pages 32 et suivantes: Jean Vircoulon; Poètes du Pays Foyen au 19e siècle
-Revue historique et archéologique du libournais, n° 177 1980, p 107et suivantes ; n° 178, 1980, p 153 et suivantes: Jean Vircoulon ; poésies anciennes et populaires de la région de Sainte Foy La Grande;
-Revue historique et archéologique du libournais, n° 228, 1993, p 41 et suivantes : Jean Vircoulon; « vous avez dit patois »
-Garonna n°12, centre d’Etudes des Cultures d’Aquitaine et d’Europe du Sud, 1995.
Les vieilles chansons patoises du Périgord. Abbé Casse et abbé Caminade, 1902, Périgueux.
-La poésie lyrique des troubadours, Jeanroy Alfred, 1973, Slatkin reprint.
-Las papillotas, Jasmin, oeuvres complètes, tome 3. 1889.
-Florilège des poètes occitans du bergeracois, Bernard Lesfargues, 1961, édité par la ville de Bergerac.
-« Choix de chants et danses du Périgord » par les Mainteneurs, Editions Pierre Fanlac, 1980, Périgueux
-Revue historique et archéologique du libournais, n° 263, 2002, p 26 et suivantes : Jean Vircoulon; Charles Garrau poète foyen et instituteur aveugle au début du 19e siècle.
Honneur à celle qui donna son nom à la cité, en voici les trois premières strophes ou laisses, même si les recherches lui attribuent une origine probablement rouergate.
C’est un des deux textes en occitan les plus anciens connus, avec le poème sur Boèce.
J C Dugros écrit : « la Chanson de Sainte Foi serait des environs de 950 (une autre datation donne 1060). Son manuscrit a été découvert par le portugais Leite de Vesconcellos en 1901 à Leyde (Pays Bas) »
LA CANÇON DE SANTA FE
Legir audi, sotz eiss un pin,
Del vèll temps, un libre latin;
Tot l’escoltei trò a la fin.
Cel méiro.Is saintz en tal traïn
Parlèd del pair’al rei licin
E del linnatg’al Maximin;
Cel méiro.Is Non fo de paraulla grezesca.
Ne de lenga serrazinesca,
Dozq e suaus es plus que bresca,
E plus qu nulz pimentz q’òm mesca.
Qi ben la diz a lei francesca,
Cuig me qe sos granz pros l’en cresca
E q’en sègle l’en pareca.
Tota Basconn’ et Aragons
E l’encontrada delz Gascons
Sabon quals es aqist canczons
E s’es ben vera ‘sta razons.
Eu l’audi legir a clerczons
Et a gramàdis, a molt bons,
Si qon o mònstra.l passion
En que òm lig estas leiczons.
E, si vos plaz est nòstre tons,
Aisï con.l guida.l primers tons,
Éu la vos cantarèi en dons.saintz en tal traïn
Con fa.l venaire’ls cèrvs matin :
A clusa.ls menan, et a fin;
Mòrtz los laissavan, en’sopin,
Jazon e’ls camps Cuma fradin,
No’ls sebelliron lur vizin,
Czò fo pròb del temps Constantin.
Canczon audi q ‘es bèlla’n tresca
Que fo de razo espanesca
Entendis lire, sous un pin,
Du (bon) vieux temps, livre latin;
L’écoutai tout jusqu’à la fin.
Ne laissait rien sans examen;
Parlait du père de Liccin (1)
De la lignée de Maximin (2)
Menant aux saints le même train
Que veneur aux cerfs, le matin :
Aux abois, et (puis) à (leur) fin,
Les laissant morts, sur le dos clins,
Gisant aux champs, comme gredins,
Sans sépulture du voisin.
Ce, vers le temps de Constantin (3)
Entendis chant fait pour danser,
Espagnol était le sujet (4)
De verbe grec non composé,
Ni dans le sarrazin parler;
Plus suave et doux que miel bréché (5)
Qu’aucun « piment » bien malaxé. (6)
Qui le déclame en bon franc lai (7)
Je crois que grand profit lui fait
Qui, dès ce siècle, transparaît.
(1) Dioclétien (245-313)
(2) Maximien, le père de Dioclétien
(3) Constantin Ier, empereur romain de 306 à 337
(4) Le martyre de Sainte Foi eu lieu en 303. la datation présumée, mais communément admise, du manuscrit unique de la chanson en langue d’oc, est de 1060. Entre ces deux dates, le culte de la sainte s’est répandue dans toute la France. Il avait ensuite gagné l’Angleterre, la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, l’Espagne et même,par les missionnaires , plusieurs pays d’outremer. Sainte Foi était donc devenue une sainte internationale. Que l’Espagne, comme le signalent des historiens, ai pu la revendiquer comme sainte espagnole n’est pas plus étonnant que l’expédition des deux moines de Conques en Lot-et-Garonne pour naturaliser rouergate lapetite agenaise volée par eux. L’auteur de la chanson de Sainte Foi, qui semble tout ignorer de la géographie,…..croyait peut être lui aussi que la sainte était espagnole, d’où le vers suivant : … que fo de razo espanesca (espagnol était le sujet).
(5) Littéralement : qu’un gaufre au miel
(6) Mélange de vin,de miel et d’épices.
(7) C’est-à-dire à la manière de la langue des Gaules, comprise et utilisée partout, dans toutes les possessions franques.
(8) Littéralement : toute la Basconie.
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Jacques Boé, dit Jasmin, coiffeur à Agen. 1798-1864. Sa renommée fut immense, il fréquenta Lamartine, Ampère, Chateaubriand, Charles Nodier, le compositeur Franz Liszt. Bien qu’il marqua peu d’intérêt au Félibrige, Mistral lui rendit un vibrant hommage. Il faisait régulièrement des soirées-spectacles au profit d’oeuvres caritatives, il composa la pèrla de Senta-Fe-La-Granda lors d’une venue en pays foyen.
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Jasmin à Madame Charles Bouchereau, marraine de la nouvelle cloche de l’église de Port Sainte Foy baptisée le 26 mars 1857.
La Pèrla de Senta-Fe-la-GrandaPèrla de Senta-Fe, domaisèla mainada (Senta-Fe-la-Granda, lo 9 Novembre 1856.) |
La Perle de Sainte-Foy-La-GrandePerle de Sainte-Foy, jeune demoiselle |
On retrouve les premiers vers gravés sur la cloche à Port Sainte Foy.
Petit journal historique : Port Sainte Foy. Jacques Reix, 1974, édition photocopiée à compte d’auteur.
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Chanson recueillie en français auprès de madame Aguas par Guy Chaumont en 1992 à Pineuilh. Lors de cet entretien elle avait plus de 98 ans.
Cette chanson serait la traduction française d’une chanson en occitan.
Petite, menue, travailleuse, elle fut une figure du marché à Sainte Foy. Elle y venait vendre plusieurs fois par semaine ses légumes. Son franc parler, sa gentillesse, son regard malicieux étaient connus de tous.
On a chanté pour Lison et Lisette,
C’est une blonde qui voudrait me voir pleurer,
Cœur de lilas et valser midinettes
Oui mais voilà qu’on a jamais pensé
A chanter le charme des Girondines :
De Sainte Foy et de ses environs,
Ainsi que celui des Périgourdines
Qui toutes font le bonheur des garçons
Aussi allons-y plein d’ardeur,
Petits et grands répétons tous en cœur :
Valsez girondines,
Valsez périgourdines.
C’est dans la Gironde et dans le Périgord
Que l’on trouve tous ces beaux trésors.
De la ville et de la campagne
Ce sont de fières compagnes,
Leurs jolis yeux leurs sourires charmants
Font le bonheur des amants.
Oui sainte Foy les possède charmantes.
De partout on les recherche toujours;
A saint Avit elles sont caressantes,
A Thoumeyragues bien faites pour l’amour,
A Pellegrue faites pour les caresses,
A La Roquille elles ont les plus beaux yeux,
Elles savent aussi captiver à Eynesse
Mais les plus douces sont encore à Ligueux,
Toutes divines à Margueron,
On trouve aussi le bonheur à Caplong :
Valsez girondines,
Valsez périgourdines.
À Gensac, à Pessac, à Saint Quentin,
Comme à Riocaud leurs yeux sont très coquins,
À Pujols ça manière, bien faites à Saint Nazaire,
À Saint Philippe, surtout à Pineuilh,
Bon cœur et très bon œil.
Si vous allez faire un tour en Dordogne,
Vous trouverez l’amour à Razac,
Très amoureuses à Saint Pierre, à Gardonne,
Et faites pour aimer à Saussignac.
À La Force, au Fleix, à Fougueyrolles
Comme à Vélines elles ont le cœur en émoi,
À Nastringues, à Ponchapt elles vous affolent,
Mais les plus douces sont à Port Sainte Foy,
Aussi gouleuses, toutes sans façon,
Faites pour l’amour elles ne disent jamais non. :
Valsez girondines,
Valsez périgourdines.
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