Noé Chabot, curé-bristrot

En 1904, en pleine séparation de l’Eglise et de l’Etat, Noé Chabot, curé du Périgord, démissionne de ses fonctions sacerdotales. Il embarque pour les Etats-Unis, voyage jusqu’à Mexico où il contracte la malaria, ce qui l’oblige finalement à rentrer en Dordogne.

Il réclame une nouvelle affectation. Plutôt favorable à la République, on le retrouve assistant à une réunion du Sillon malgré l’interdit énoncé par l’Eglise. L’évêque de Périgueux lui impose une lourde pénitence pour se blanchir de ses écarts de conduite. Mais bien qu’ayant passé plusieurs mois dans les Alpes en plein hiver dans des conditions effroyables pour se racheter aux yeux de l’Evêché, Chabot reste boudé par sa hiérarchie qui refuse de lui attribuer une nouvelle cure (et donc un traitement). La montée en puissance de l’anticléricalisme aiguise la colère du curé périgourdin, indigné de se voir ainsi abandonné par ses supérieurs. Las des atermoiements de l’évêque, et quasiment sans revenus, Chabot, pour secourir ses vieux parents nécessiteux et sans doute pour parvenir à assurer sa propre survie, se lance dans l’acquisition d’un bistrot au cœur même de Périgueux (place du Coderc).

Le curé, toujours en soutane et célibataire (il n’a pas rompu ses vœux), tout en réglant ses comptes publiquement avec l’Evêque du diocèse au travers de brochures bon marché de plus en plus insolentes, prend l’affaire familiale en main et devient… bistrotier. Il propose à une clientèle de plus en plus nombreuse toutes sortes de boissons alcoolisées et notamment un Monbazillac qui rencontre un succès immédiat.

Multipliant les invectives à l’égard de l’évêché, l’abbé Chabot suscite l’intérêt de la presse et de l’opinion locale. Bientôt la renommée de l’estaminet baptisé d’abord « Au vrai Monbazillac » puis « Chez le curé », dépasse les frontières du département. L’échoppe élargit son fonds de commerce. Au vin, le curé ajoute le tabac, de la papeterie, des masques et des farces et attrapes en tous genre. Le curé bistrot étonne par son audace : bien que toujours lié à l’Eglise par son ordination, ses vœux et sa soutane, Chabot réalise et diffuse plusieurs centaines de cartes postales satiriques recourant toutes à la photographie. Le bistrotier affiche ses cartes illustrées en devanture de son échoppe, soit environ une trentaine à certains moments, annonçant par voie de pancartes la publication de « nouvelles séries ».

Jouant son propre rôle, Chabot, toujours en soutane, multiplie les apparitions comiques et volontairement insolentes à l’égard du diocèse dont il se venge en organisant une véritable et permanente campagne de dénigrement par l’image.

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